Langues étrangères appliquées (LEA)

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PR GOUAFFO .CD/LEA UDs

Le département de LEA entend se moderniser dans l’esprit de la dynamique collective

Dschang, UDs/SIC – 20/01/2017. Dans l’esprit de la dynamique collective, le Chef du Département de Langues Etrangères Appliquées (LEA) à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Prof. Albert Gouaffo, a entrepris depuis deux ans qu’il est à la tête de ce Département de lui donner un visage nouveau. Il partage ici ses ambitions et ses difficultés.

SIC-UDs : Professeur, vous êtes revenu depuis peu d’un long séjour académique en Allemagne. Quels sont les motifs et les retombés de ce voyage ?

Pr Albert Gouaffo : Effectivement, je me suis rendu en Allemagne le 14 octobre 2016 pour deux mois dans le cadre d’une convention de coopération qui unit notre université avec l’Institut de technologie de Karlsruhe. Il y a de cela 2 ans nous avons signé une convention dans le cadre duquel nous avons monté un projet didactique. Le projet est intitulé la dimension médiatique de la germanistique interculturelle, financé par l’Office allemand d’échanges universitaires. Il est constitué de deux points : le premier consiste en l’échange des enseignants entre l’Université de Karlsruhe et l’Université de Dschang sur cette dimension médiatique de la germanistique interculturelle ; le deuxième porte sur la mobilité des étudiants en cycle de recherche. C’est dans ce cadre que, l’année dernière, le professeur Djomo est parti en Allemagne avec un doctorant. Et c’est dans le même cadre que cette année j’y suis allé avec deux étudiants de master et un doctorant. L’objectif de ce programme est de densifier notre formation en savoirs médiatiques et de nous inscrire profondément en LEA dans la Dschang school of « cultural studies » qui deviendrait alors un important centre d’intérêt de la Dschang school Arts an Social Sciences.

Depuis votre retour, vous multipliez les actions de communication au sein et en dehors de votre Département : facebook, whatsapp, boite à suggestions… Y a-t-il une crise de communication dans votre département ?

Quand j’ai été nommé dans ce département, j’ai fait un audit social avec les collègues qui consistait à discuter de ce que prévoient les textes dans la gestion du département en tant que structure académique d’une université, à parler ensemble des problèmes qui jusque-là se présentaient à nous, et d’envisager comment les résoudre afin d’améliorer notre vivre ensemble et notre offre d’enseignement. Aujourd’hui je suis à deux ans, et il m’a semblé opportun de faire un bilan. Il me revient qu’au niveau de la gouvernance sociale j’ai eu à prendre un certain nombre de mesures qui n’ont pas été très bien comprises. Au niveau des relations de notre département avec l’extérieur, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de stéréotypes qui circulaient sur notre offre de formation. Fort de ces constats, il m’a semblé important de densifier la communication, non seulement la communication externe mais aussi la communication interne. C’est cela qui explique toutes les mesures prises à mon retour.

 

Enseignement, recherche et appui au développement, tels sont les trois missions des universités. Comment ces missions sont-elles assurées en LEA ?

Vous savez que le département de LEA est une création de la reforme universitaire de 1993.Quand nous arrivions ici à Dschang (je vais bientôt faire 20 ans ici à l’université), notre souci était de répondre à la problématique de la massification et de la démocratisation de l’enseignement, projet cher au Chef de l’Etat et à tout le gouvernement, et aussi d’assurer la qualité des enseignements, de densifier la recherche et de mettre sur pied des programmes qui répondent aux besoins du marché, aux besoins du contribuable. En ce sens, nous avons orienté notre politique il y a deux ans sur ces trois axes.

Le premier c’est la gouvernance sociale et managériale, volet central de la « dynamique collective ». Je comprends en cela une politique systémique qui consiste à mettre des éléments entre eux dans une direction proposée par la hiérarchie. Nous avons essayé d’implémenter cette dynamique. Premièrement en nous assurant que les enseignements se font selon les règles de l’art. J’ai été l’un des premiers chefs de département à avoir imposé l’utilisation des syllabus parce que je me suis rendu compte que les enseignants ont certes fait des thèses sur les disciplines dans lesquelles ils excellent, mais il fallait qu’ils comprennent que le processus d’apprentissage en situation d’enseignement est autre chose. Avec l’évaluation qui vient maintenant de la hiérarchie, l’histoire ne peut que me donner raison, à savoir qu’on ne saurait dire qu’on fait de bons enseignements sans avoir un syllabus qui montre les objectifs desdits enseignements, les grandes étapes, la documentation utilisée, le mode d’évaluation, de manière à établir avec les apprenants dès le départ un contrat d’enseignement, qu’il sachent ce qu’on attend d’eux et comment cela va s’évaluer. La qualité de l’enseignement dépend de la qualité de cette relation pédagogique avec les apprenants.

Le deuxième point c’est la recherche. La recherche était dans ce département un parent pauvre. Je suis heureux de constater qu’entre-temps on a crée une structure plus formelle qui doit encadrer ces efforts en recherche. Nous avons mis sur pied dans nos programmes des cours qui incitent les étudiants à se préparer à la communication scientifique tant orale qu’écrite et nous avons aussi mis sur pied des séminaires qui permettent de contrôler l’évolution des enseignements de master. Depuis 2009, année où on a eu nos premiers masters, jusqu’à aujourd’hui, nous sommes à environ 150 diplômes de master qu’on a mis sur le marché. Il s’agit là d’un record parce que nous constatons qu’il y a de moins en moins des étudiants qui font plus de deux ans pour obtenir leurs diplômes de master alors que dans certains départements on a 3 à 5 générations qui chevauchent.

Le troisième point c’est l’appui au développement. Nous sommes des spécialistes des langues et des cultures. Nous avons au niveau du cycle de licence un programme professionnalisant en ceci que nous y croisons non seulement les langues pour augmenter l’horizon d’attente et les possibilités d’emploi des étudiants, mais nous appliquons ces langues à la maitrise de certains domaines de savoir-faire à l’instar du management, de la communication, des politiques publiques, et à certains métiers précis comme la traduction-interprétation, le journalisme, le commerce international, etc. Cela a un impact sur ce que nos étudiants deviennent.

Dans la page facebook du département, je suis en train d’initier un projet intitulé « qu’est-ce qu’ils sont devenus », qui consiste à faire une traçabilité de nos produits une fois sur le marché de l’emploi. J’ai des étudiants, par exemple un docteur à Maroua qui est spécialiste dans la gestion de la biodiversité comme Program Officer au GIZ (coopération technique allemande), le Dr Noumbissi qui est un fin produit de notre département dont nous sommes très fiers. Nous avons par exemple des étudiants d’allemand qui aujourd’hui font une thèse en allemand, mais qui sont professeurs d’anglais. Nous en avons également qui travaillent dans le commerce international à Douala, dans les médias, etc. Tout ça pour moi est une fierté… Franchement, quand on fait un retour en arrière, on se rend compte que LEA s’efforce de ne pas mettre sur le marché des chômeurs.

Le recteur, Prof. Roger Tsafack Nanfosso, a fait de la dynamique collective le leitmotiv d’une gouvernance universitaire qu’il veut participative. Mais il ne s’agit là que d’une vision globale de l’université de Dschang qui doit certainement renfermer des micro-visions en fonction de la spécificité de chaque établissement et de chaque département. Quelle est la vision que vous défendez en LEA ? Avez-vous le sentiment que vos collaborateurs s’en approprient?

Vous savez, une Faculté est constituée de deux ensembles : un ensemble administratif, géré du décanat et un ensemble académique géré au niveau des départements. Pour ce qui est de notre département, moi je m’assure que le chronogramme qui vient du rectorat ou du décanat concernant les activités académiques est suivi à la lettre, que les notes qui sont enregistrées correspondent effectivement à ce que valent les travaux des étudiants, … Je m’assure aussi que les enseignants et le personnel administratif travaillent en symbiose. Je pense qu’à mon niveau, c’est ce que je comprends par dynamique collective, c’est-à-dire un management d’en bas, le down top management comme on appelle, a prouvé ses avantages. En tant que chef de département, je suis obligé d’user un peu du down top management pour dire effectivement « voilà la décision qu’il est bon de prendre » parce que j’ai des comptes à rendre par rapport à ce que la hiérarchie attend de moi. Si nous comprenons cette dynamique collective comme un orchestre dans lequel chacun joue sa partition, on ne peut aboutir qu’à de bons résultats. On ne peut en effet avoir une bonne musique que lorsque les éléments d’un orchestre de musique fonctionnent harmonieusement.

 

Une actualité de votre département fait état de ce qu’on envisagerait son d’éclatement. Y a-t-il lieu de penser que LEA n’est pas compétitive dans sa configuration actuelle ?

J’ai suivi ce processus depuis l’Allemagne. Il y a eu à ce sujet deux rencontres auxquelles a assisté mon intérimaire […] Si vous observez les découpages des unités administratives et académiques des universités dans le monde, l’heure est au regroupement […] Je pense que nous gagnerions à renforcer notre mutualisation des savoirs. Il s’agit du formidable travail qu’effectuent les responsables de filière […] Mon avis c’est qu’il faut renforcer davantage l’autonomie des responsables de filière, en vue d’un rendement meilleur. Ce sont les informations que je peux mettre à disposition de la hiérarchie pour qu’elle décide en toute souveraineté […]

Quels sont les évènements majeurs qu’on doit attendre du Département de LEA dans les jours ou les mois à venir et quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le déploiement de vos activités ?

Je commence par le deuxième volet de votre question : les difficultés. Elles sont d’abord d’ordre financier. J’ai plusieurs enseignants qui n’ont pas de bureau, les salles de classes sont insuffisantes ; on aimerait que chaque filière au moins dispose d’une salle permanente avant de compter sur les salles mutualisées. Il y a un problème managérial, il ya d’enseignants qui sont pratiquement absents du département et qui oublient qu’ils doivent contribuer à la bonne marche du département. Mais quand on les interpelle, ils disent qu’ils n’ont pas de bureaux et que c’est pour cela qu’ils ne peuvent pas être sur le campus. Peut-être qu’en résolvant le problème de bureau, on résoudrait celui des absences.

En ce qui concerne les évènements, nous venons de terminer avec notre colloque de Master. L’année dernière, nous avons commencé avec notre premier colloque doctoral que vous avez d’ailleurs médiatisé. Nous allons réitérer cette formule dans les mois à venir, bien sûr en tenant compte des nouvelles exigences de l’Ecole Doctorale. Par ailleurs, nous nous préparons sereinement à l’organisation des examens qui auront lieu d’ici le mois de février […]

Avez-vous un message à l’adresse de vos collaborateurs ou de vos étudiants ?

J’invite les étudiants à se familiariser avec nos différentes plateformes communicationnelles pour aplanir un certain nombre de malentendus qui freinent le développement des activités académiques. J’ai constaté que la communication entre les étudiants et l’administration d’une part, entre les étudiants et les enseignants d’autre part n’était pas régulière et fluide. Pour cela j’ai mis sur pieds un réseau fermé sur Whatsapp où les délégués et les enseignants sont représentés. J’espère qu’on saura en faire bon usage. J’invite particulièrement les collègues à s’en approprier.

Depuis la création du groupe whatsapp, les gens s’y expriment, vident leurs sacs, c’est bien, c’est une forme de thérapie et à partir de là on peut anticiper sur certains problèmes qui freinent la bonne marche du développement. En plus de cela, nous faisons beaucoup de choses méconnues. La page facebook qui existe, est pour nous une plage de documentation de ce que nous faisons dans notre département. Les publications à l’endroit des étudiants, les conférences auxquelles nous participons, tout cela doit être su et même nous envisageons voir comment nous pouvons publier les recors bibliométriques pour attirer l’attention des uns et des autres sur google scholar. C’est l’outil mondialement reconnu pour savoir qui fait quoi et quel est l’impact de ses productions […] Quand on produit, on doit montrer, ce sont les règles de management […] Je pense qu’ainsi un certain nombre de poncifs qui circulent sur notre Département disparaitraient.

Je saisis l’occasion pour formuler mes meilleurs vœux aux collègues. Je l’ai déjà fait en ligne, mais l’abondance ne nuit pas. Que cette année nouvelle soit un nouveau départ, que nous reconsidérions les objectifs qui sont les nôtres : assurer l’encadrement de nos étudiants, promouvoir la recherche et participer à la contribution de l’université au développement./

Propos recueillis par RA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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