Conférences : les réflexions du SARA pour une agriculture intelligente et durable en Afrique
- Publié par A. S.
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Abidjan, SARA – 24/11/2019. Au-delà du « donner à voir », l’un des aspects cruciaux du 5e Salon international de l’Agriculture et des ressources animales d’Abidjan c’est le « donner à penser ». La dimension « colloque » de l’événement qui se déroule du 22e novembre au 1er décembre 2019 a débuté dès le premier jour, avec entre autres conférences, celle de « haut niveau » sur l’agriculture africaine face aux opportunités qu’offrent les innovations technologiques. La réflexion était notamment orientée vers la réponse à la question de savoir comment les solutions digitales peuvent aider à booster l’agriculture.
Cette interrogation trouve sa pertinence dans les défis auxquels est confronté l’Afrique aujourd’hui. Comme l’ont relevé divers intervenants – aussi bien l’expert de la FAO (key speaker) que les ministres ivoirien, burkinabé et capverdien –, l’agriculture est en enjeu de développement essentiel pour la croissance des pays africains. Elle fait cependant face aux difficultés imposées par un changement climatique ponctué par la sècheresse par endroit et les inondations en d’autres lieux. La dégradation des sols, les problèmes d’accès aux moyens de (re)production – y compris les semences de bonne qualité, l’invasion des ravageurs de cultures, etc., constituent des menaces imminentes. Pourtant, la population à nourrir augmente vertigineusement et le chômage des jeunes qui auraient pu être occupés par les activités agricoles et pastorales progresse. Dans de nombreux pays, la maîtrise de l’eau reste le facteur le plus limitant pour produire mieux et plus.
Face à ce constat, les conférenciers sont unanimes sur le fait qu’on ne peut plus faire l’agriculture comme hier. Il faut désormais, comme l’a affirmé le Prof Seka Seka à l’ouverture de la conférence, une agriculture intelligente pour un développement durable. Seules des innovations dans la manière de produire et de commercialiser peuvent sortir l’Afrique du pétrin. Or, le numérique est une fenêtre d’opportunités pour ces innovations. C’est ainsi que le Burkina Faso, le Cap Vert et le Sénégal ont présenté leurs expériences d’incorporation des générations nouvelles de progrès technologiques, au-delà de la mécanisation, dans l’agriculture. Ces innovations concernent fondamentalement la réduction de la fracture numérique entre l’agriculteur, ses partenaires et le marché.
Les solutions expérimentées dans les pays ci-dessus évoqués ont trait à l’e-vulgarisation des itinéraires techniques de production, la sélection des espèces à cycle court et la certification des semences, le système d’information sur les variations du marché, la télésurveillance pour les évaluations de terrain et la lutte contre les ravageurs notamment par l’utilisation des drones, l’utilisation des satellites pour renforcer la météorologie agricole, la captation et l’utilisation des énergies renouvelables, etc. Dans ce processus, l’entrepreneur agricole doit être la clé de voûte du système d’information : tout part de ses problèmes et tout ramène à la résolution de ceux-ci. Mais les intervenants ont remarqué que l’espace digital dans les pays africains est très réduit, ce qui ne permet pas toujours de s’en servir comme on le souhaite pour avoir une agriculture performante et compétitive.
De façon particulière, tous les intervenants ont mis en avant le rôle des institutions de recherche et de formation dans la formulation de ces innovations à l’usage des systèmes de production agricoles nationaux. De même, ils ont insisté sur l’appui et l’implication significative des entreprises privées dans l’encadrement du système par le financement. Enfin, ils ont mis en relief le mentorat des jeunes qui s’intéressent aux métiers de l’agriculture et qui ont des projets concrets de production. C’est dans cet esprit que le ministre français de l’Agriculture, Didier Guillaume, a supervisé au 2e jour du SARA, la signature de trois documents pour mettre en cohérence des structures qui pourraient en coopération apporter des solutions innovantes aux problèmes sus évoqués.
Mais à qui incombe la responsabilité de faciliter l’application de ces solutions, s’est demandé le key speaker. A son avis, les politiques publiques de développement d’une agriculture intelligente doivent être systémiques puisque la production agricole ne dépend pas seulement des agriculteurs et des ministres de l’Agriculture mais de tous les autres secteurs de la vie nationale./