Falaise De Foréké-dschang

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LES POUVOIRS PUBLICS EN ACCORD AVEC L’EXPERTISE UNIVERSITAIRE

_Par des études, l’observation permanente et des alertes scientifiques, les experts de l’Université de Dschang éclairent les populations et les décisions d’utilité publique. Objectifs : réduire l’impact de la catastrophe, prévenir le danger, gérer le risque._

Pour faire passer la route coupée par les éboulements du 05 novembre 2024 sur la falaise de Foréké-Dschang, les populations ont échafaudé un pont en bois et caoutchouc. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre le lundi 03 mars 2025 avec, pour indications, entre autres : « Falaise de Dschang, uniquement pour les petites voitures ». Une vidéo qui saturait alors la toile montrait une moto et une voiture « picnic » traversant le pont, accompagnés de cris jubilatoires et des applaudissements d’une foule excitée. « Le Gouvernement n’a rien fait; les populations se sont débrouillées à leur manière », a-t-on lu dans divers réseaux sociaux.

Le même lundi, l’un des rapporteurs de la taskforce mise sur pied le 29 novembre 2024 par l’Université de Dschang (UDs), Prof. Lucas Kengni, par ailleurs chef de département des Sciences de la terre, a réagi : « Terrible. Coaster, Pinic, Pick-up qui passent. Un autre drame n’est pas loin ». Puis, la présidente de la taskforce, Prof. Nadine Machikou, a renchéri : « Quelle insouciance ! » suivie par d’autres déclarations d’indignation d’experts de l’UDs : « Mon Dieu, l’être humain aime prendre de ces risques [avec des émoticônes d’étonnement] »; « C’est absolument incroyable ! C’est la première fois que je vois des [gens] jouer au jeu du chat et de la souris avec la mort […] », etc. Le mardi 04 mars, l’équipe de communication de l’UDs a republié une interview dans laquelle le Prof. Armand Kagou, responsable de la filière « Géologie appliquée, mines et pétrole » dans cette université, expliquait au lendemain des éboulements leur origine et les précautions à prendre pour réduire leur impact et en éviter d’autres.

Alerté, le préfet de la Menoua, Itoe Peter Mbongo, est descendu sur le lieu du sinistre. À la lumière de l’expertise disponible et des mesures gouvernementales, il a instruit le démantèlement du pont. Par un communiqué du 04 mars, il a rappelé que « les usagers doivent continuer d’emprunter la section Melong-Bafang-Bandja-Bandjoun de la nationale n°5 » pour rejoindre Dschang en provenance du Littoral ou partir de Dschang pour le Littoral. Il s’agit du trajet recommandé par le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, lequel a saisi par correspondance le même 04 mars le gouverneur de la Région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine. Le 05 mars, ce dernier a rappelé cette mesure ; il a donné davantage de précision sur l’entreprise CFHEC qui doit effectuer les travaux sur la falaise et sur les prévisions météorologiques de l’Observatoire national des changements climatiques qui ne sont pas favorables aux interventions inexpertes sur ces lieux.

Dans l’annonce de la solution technique retenue pour la « reconstruction de [la] section de route » bloquée, le MINTP déclarait avoir tenu compte des recommandations de diverses entreprises, de bureaux d’études techniques nationaux et internationaux « ainsi que celles formulées par les chercheurs de l’Université de Dschang ». C’est ainsi que dans un communiqué le 25 février, le recteur de l’UDs, Prof Roger Tsafack Nanfosso, affichait la satisfaction de l’Université quant à la prise en compte des propositions du Livre-Blanc produit pour le Gouvernement sur les fragilités des sols dans la Région de l’Ouest et le long de la falaise. Il remerciait les pouvoirs publics « pour cette oreille attentive aux activités scientifiques et aux propositions techniques de l’université pour résoudre les problèmes concrets en situation de crise ». Le chef de l’institution rappelait alors « sa disponibilité inconditionnelle » et réitérait, in fine, « sa volonté à apporter au Ministère des Travaux Publics sa contribution pour l’implémentation de la solution technique sus évoquée ». Cette disponibilité se manifeste au quotidien, ainsi qu’on l’a encore constaté au début du mois de mars, par l’observation des activités le long de la falaise, les conseils aux populations et des propositions pouvant efficacement éclairer les décisions d’utilité publique./