Grande Conférence

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Violence électorale et paix sociale : une grande conférence pour prévenir l’irréparable

Dschang,UDs/SIC- 08/04/25.La tension monte doucement, mais sûrement à l’approche de l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun. Consciente des enjeux, l’Université de Dschang a organisé ce mardi 08 avril 2025, dans l’auditorium Joseph FONDJO, une grande conférence sur les violences et le maintien de la paix sociale avant, pendant et après les périodes électorales. L’événement a réuni chercheurs, enseignants et spécialistes du droit et des sciences politiques à quelques mois de l’élection présidentielle au Cameroun. Il s’est agit d’interroger les mécanismes de gestion des tensions politiques et préserver la stabilité du pays.

« _La violence est au cœur du politique_», a lancé d’entrée le Pr Guy MVELLE MIFENDA, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, dans son propos introductif. Il a posé les bases d’une réflexion profonde sur les liens historiques et philosophiques entre la violence et le pouvoir, rappelant que « _la paix sociale n’est jamais acquise, elle se construit dans la confrontation et se maintient par des mécanismes bien pensés_. »

Un regard critique sur les institutions électorales

Le Pr André TCHOUPIE, politologue, a analysé l’évolution des conflits politiques depuis la libéralisation démocratique des années 1990. Selon lui, le passage progressif des contestations de rue aux recours judiciaires marque une « *transition de la décivilité de la rue à la civilité judiciaire* ». Une avancée notable, mais encore fragile.

Un point de vue partagé par la Pr KWATI Evelyn BANINJOYOH, qui a porté un regard critique sur ELECAM, l’organe chargé d’organiser les élections. Elle pose une question essentielle : « *ELECAM peut-il garantir des élections crédibles tant que son indépendance est contestée* ? » En s’inspirant des modèles ghanéen et sénégalais, elle appelle à une réforme en profondeur pour restaurer la confiance des citoyens.

Le droit pénal : garant ou instrument du pouvoir ?

Le Dr Patrice Hubert KAGOU KENNA, quant à lui, a interrogé la fonction répressive de l’État en période électorale. Il rappelle que le droit pénal est un outil fondamental pour préserver l’ordre, mais avertit : « _Mal utilisé, il devient un instrument de répression politique, au service des puissants_. » Selon lui, seule une application équilibrée et véritablement démocratique du droit peut garantir une paix durable.

La technique au service de l’inclusion

D’autres intervenants, comme le Dr Georges Macaire EYENGA, ont élargi le débat aux enjeux techniques. Il a mis en lumière l’impact des dispositifs de gestion du fichier électoral (biométrie, vérification automatisée) sur la participation citoyenne, soulignant que « _la démocratie repose autant sur des infrastructures techniques que sur les citoyens eux-mêmes_ ».

Un appel à l’éducation et à la mobilisation

En clôture de cette conférence, le Recteur de l’Université de Dschang, le Pr Roger TSAFACK NANFOSSO, a salué la pertinence des échanges :
« *_Grâce à vos réflexions, nous repartons avec une meilleure compréhension de ce qu’est la violence et surtout, de ce qu’elle n’est pas_*. »
Il a estimé que les violences électorales sont souvent le fruit de l’ignorance, d’où la nécessité d’une éducation populaire forte pour prévenir les dérives. Il a également suggéré que des conférences similaires soient organisées à l’échelle régionale et nationale :
« _Ce type d’initiative peut devenir un véritable processus de pacification pour notre pays._»
Dans un élan de reconnaissance, il a invité l’Assemblée à ovationner la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques et son Doyen, le Pr Guy MVELLE, pour «_cette initiative d’envergure à la fois académique et citoyenne_ . »/