Grande Conférence, acte III
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Faut-il brûler le Franc CFA ?
Dschang, UDs/SIC – 23/03/2017. Quelle attitude adopter face au Franc de la Coopération financière africaine (FCFA), dans un contexte où le débat départage l’opinion entre les pourfendeurs et les défenseurs de cette monnaie? C’est entre autres pour répondre à cette question qu’a eu lieu le mercredi 21 mars 2017 dans la salle des spectacles et des conférences de l’Université de Dschang (UDs) une table-ronde sur le thème : « Le Franc CFA et le développement des pays membres ». Cette rencontre d’animation scientifique et culturelle rentre dans le cadre des grandes conférences de l’Université de Dschang pour l’année 2017. Le panel était coordonné par le Prof. Paul Ningaye, Coordonnateur scientifique de la Dschang School of Economincs and Management (DSEM).
D’entrée de jeu, le Pr Désiré Avom, Doyen de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FSEG) a fait un exposé sur « les mécanismes de fonctionnement de la zone franc. » Il a fixé l’assistance sur les repères historiques et le fonctionnement de la zone franc. Le Franc CFA vit ainsi le jour en 1939, dit-il, dans un contexte où les grandes puissances étaient désireuses de créer des zones monétaires afin de préserver leurs marchés de matières premières. L’objectif était de protéger les liens commerciaux entre la France et les territoires africains sous sa domination. Le mécanisme de fonctionnement de la zone était alors contrôlé depuis Paris. Plus tard, survint une africanisation de la zone franc : la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) est ainsi créée à Yaoundé en 1977 et la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 1978 à Dakar. Cette africanisation est suivie par la création des unions douanières (UMEOA, CEMAC). En 1994, la zone franc subit une dévaluation. Des explications sur le compte d’opération (voir présentation sur slideshare) ont suscité la curiosité des participants. L’on retient finalement de la présentation du Prof Avom qu’« il n’existe pas un régime de change qui convient à tous les pays à tout moment. Le tout n’est donc pas de sortir de la zone franc, mais de sortir en sachant où on va ».
À sa suite, les Drs Mvondo et Bikaï, cadres à la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), exposent l’« Évolution comparée Pays zone franc-Pays hors zone franc ». Leur intervention permet de constater que le FCFA a garanti une croissance moyenne de 3,8% contre 3,6% pour le reste de l’Afrique subsaharienne(ASS) et une inflation stabilisée à 3% contre 6,2% pour l’ASS entre 2000 et 2003. De même, entre 2005 entre 2012, le FCFA a garanti des importations sur 8 mois contre 6 dans l’ASS. C’est une monnaie favorable à la croissance du produit intérieur brut (PIB) des pays membres et qui leur permet de réaliser de bonnes performances par rapport aux pays hors zone franc en ASS. Néanmoins, relèvent les experts, le FCFA connait des difficultés dont, entre autres : la sous-optimalité des politiques budgétaires en matière d’allocation temporelle des recettes d’exportation, la non maitrise des cours par les États, l’insuffisance des fonds de stabilisation.
L’intervention du Pr Henri Désiré ModiKokoBebey, Juriste et Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Politique (FSJP) de l’UDs a relancé le débat sur les accords économiques encadrant le FCFA. À la question « Les Accords de coopération monétaire de la zone Franc créent-ils des engagements perpétuels ? », il a répondu en expliquant, à la lumière des dispositions de la Convention de Brazzaville de 1974, que « les Accords de coopération monétaires entre la France et les pays membres de la zone franc ne créent pas des engagements perpétuels. Cependant, releve-t-il, les négociations de certains aspects sont difficilement négociables ». À l’aune de réflexions, il apparait que le problème de sous-développement des pays membres de la zone franc n’est pas liée au FCFA, mais aux structures et mécanismes de gouvernance et d’encadrement de cette monnaie./LP