La réforme universitaire de 2018 se consolide à l’UDs
- Publié par R.
- Publié dans Campus infos, En vedette
Le Département d’Histoire et Archéologie respire un nouveau souffle et inaugure une ère nouvelle
Dschang,UDs/02/06/21.« Le souhait partagé est que l’UDs s’affirme comme une Université qui forme des archéologues et qui participe à une véritable réécriture de l’Histoire de l’Afrique et partant de celle du Cameroun », Pr Célestine Fouellefak Kana, Chef de Département d’Histoire et Archéologie, 24 juin 2020.
Le 24 juin 2020, le Recteur de l’UDs, le Pr Roger Tsafack Nanfosso, procédait à l’installation des responsables nommés à l’Université de Dschang par décret présidentiel et arrêté ministériel. Bien avant ces nominations, un arrêté ministériel du 13 novembre 2018 avait créé certains départements et réformé d’autres au sein de certains Etablissements de l’Université de Dschang, notamment à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. A la suite de cette réforme, le Département d’Histoire est devenu Département d’Histoire et Archéologie, mettant ainsi en œuvre la politique africaine en matière de Gouvernance universitaire, celle qui stipule que les universités africaines doivent mettre aussi et d’abord l’Afrique comme sujet de leurs recherches. Le Recteur de l’Université de Dschang parlait : « Des progrès de la Science dans différents domaines, des besoins nouveaux du marché de l’emploi et de la volonté des dirigeants de proposer des formations d’avantages fonctionnelles ». Dans ce même regard, le Chef du nouveau Département de Droit International et Communautaire, le Pr Ngimpieba Tonnang Edouard pense que ce pas de plus dans la professionnalisation des enseignements, en vue de la mise à la disposition du monde de l’entreprise des citoyens camerounais bien formés capables de relever le défi du développement n’est pas basé sur « des adaptations d’ordre pédagogique et didactique, mais des adaptations à la réalité du monde de l’emploi »,
Dans cette perspective, l’Université de Dschang en particulier s’est arrimée à la nouvelle exigence de l’Union Africaine prescrite lors de la conférence des Chefs d’Etats tenue à Addis-Abeba en 2018, obligeant les Universités africaines à intégrer dans leurs programmes d’enseignements les études sur le plan régional. Cette politique est donc implémentée à l’Université de Dschang, notamment à travers le nouveau Département d’Histoire et Archéologie où les responsables s’outillent depuis lors à jouer la partition du rayonnement de l’institutions en général. Le Chef de Département d’Histoire et Archéologie, le Prof Fouellefak Kana Célestine Colette ép Dongmo est l’invitée notre rédaction.
ENTRETIEN
SIC/UDS : pouvez-vous nous présenter le nouveau Département issu de la reforme par Arrêté ministériel de 2018 ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : D’emblée, le Département a vu le jour en novembre 2005 au sein de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. Ce département, se détachant de l’ex Département d’Histoire et Géographie, est devenu autonome et offre des spécialisations qui englobent 04 domaines : Histoire des Relations Internationales, Histoire Economique et Sociale, Histoire des Civilisations et des Religions et Histoire Politique. Avec le nouveau Département d’Histoire et Archéologie qui est entré en fonction cette année académique, le Département se dote d’une nouvelle filière. Je dois dire que les autorités de l’Université ont bien voulu que depuis le niveau 1, les enseignements d’Archéologie soient dispensés à tous les étudiants. C’est dire que désormais, tout étudiant inscrit dans ce Département en cycle fondamental reçoit 50% de cours d’Histoire et 50% d’Archéologie, ceci dans les Unités d’Enseignements fondamentales au niveau 1 et 2, mais choisi l’une des deux l’une des deux filières ou l’Archéologie au niveau 3. Arrivé au niveau 3, les étudiants de la promotion 2020/2021, bénéficieront des spécialisations dans des domaines pointus tels que : l’Archéologie, l’Archéologie et Patrimoine Culturel puis l’Art et Archéologie.
SIC/UDS : quelle autre formation peut-on trouver dans le Département dont vous êtes responsable ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : En outre, le Département abrite une Licence Professionnelle dénommée DAL (Documentation-Archivistique-Librairie). Les cours dans ce cycle sont organisés comme dans tous les autres cycles en deux semestres : Le 1er semestre comprend les enseignements généraux et les enseignements professionnels théoriques, et le second semestre est réservé à un stage pratique où les étudiants de DAL sont appelés à aller sur le terrain, question de joindre la théorie à la pratique tel qu’exige la formation professionnelle.
SIC/UDS : Quels sont les débouchés qui découlent de la formation au sein de votre Département ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : Le Département d’Histoire et Archéologie offre d’énormes débouchées telles que : L’enseignement, la recherche pour le cycle fondamental d’une part et d’autre part pour le cycle professionnel les métiers de documentaliste, archiviste, bibliothécaire, chargé d’étude, communicateur, éditeur etc.
SIC/UDS : Quelle est la nouvelle particularité de votre Département, ainsi que les actions déjà menées dans ce sens ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : l’Archéologie est une discipline auxiliaire à l’Histoire, qui a pour objectif de faire des recherches sur le terrain, de rencontrer des témoins matériels en vue de l’écriture de l’Histoire, car les vestiges issus des fouilles archéologiques constituent le patrimoine des peuples. Ils portent et partagent la Mémoire, la Culture et l’Histoire. En ce sens, ils constituent des documents historiques, marqueurs culturels, source d’inspiration artistique et littéraire, produit économique et outil de développement. Pour cette année, avec des collègues des autres Universités notamment le Dr Yakam. Yola de l’Université de Bamenda, le Dr. Pamphile Medjo de l’IBAF et Mme Inès Atonfack, monitrice récemment recrutée par la hiérarchie, nous avons lancé ces enseignements d’une part et d’autre part fait du terrain. Il faut dire que ce fut un premier essai certes, mais un véritable coup de maître. Nous avons prospecté dans Dschang et ses environs, et avons visité quelques chefferies à l’instar de celle de Yanguem-Keleng où nous avons découvert des foyers d’habitats anciens. Une enquête orale bien menée au sein de cette chefferie nous a fait voir que le lieu-dit « camp aviation » abritait la toute première chefferie de Keleng. Sur ce site, nous avons découvert des témoins matériels de l’Histoire. La même enquête a été faite à la chefferie Toula-Ndzong, sous-chefferie dans le Groupement Foto dont l’Histoire révèle qu’elle est la base et la mère. A cet effet, accompagné du Chef et d’un Notable, nous avons découvert plusieurs témoins (de la céramique en abondance, des outils lithiques), il s’agit des vestiges directeurs que nous avons collectés en surface. Voilà donc autant de preuves qui permettent de rendre compte que l’Archéologie se met en branle à l’Université de Dschang.
SIC/UDS : comment comptez-vous conduire ces disciplines afin de mieux former les jeunes camerounais à la réécriture de leur Histoire ainsi que de celle de l’Afrique ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : Le Département a besoin d’une unité de recherche. Celle-ci permettra d’élargir les thématiques et problématiques qui ne pouvaient plus être traitées dans le cadre restreint de l’ancien laboratoire interdisciplinaire d’Etude Africaine et Diaspora. Nous voulons bien lancer une unité de recherche spécifique aux sciences historiques et du patrimoine. L’Unité de Recherche URSHIPA en cours de création permettra au Département d’élargir les thématiques, de jouer un rôle majeur pour optimiser l’offre de formation et les rendements en matière professionnelle. A ce titre, le Département ambitionne d’apporter une contribution majeure à la réécriture de l’Histoire. Sur le plan méthodologique, l’historiographie africaine exige la prise en compte des sources nouvelles dont l’Archéologie et les sciences du patrimoine qui vont permettre une expression particulièrement féconde au champ historique.
SIC/UDS : Vous avez récemment au sein de votre département édité une revue des sciences historiques, quel est l’esprit de ce projet ?
Chef de Département d’Histoire et Archéologie : Le Département d’Histoire et Archéologie compte dans son dispositif stratégique une Revue scientifique intitulée Grassfields dont la ligne éditoriale cadre parfaitement avec les orientations de l’Unité de Recherche CRSHIPA en cours de création. Je dois dire que le 1er numéro de notre revue a connu un grand écho par la cérémonie du lancement qui a eu lieu le 12 Mai 2021. Pourquoi la revue Grassfields ? Pourquoi le nom Grassfields ? Forgé par les colons anglais à la suite des allemands, émerveillés par un paysage verdoyant apparu soudainement devant eux lors de la 1ère expédition exploratoire des Hautes-Terres de l’Ouest Cameroun, ce mot est étymologiquement composé et dérivé de l’anglais Grass qui signifie Herbe et de Fields qui renvoie au Champs. Au sens figuré comme au sens propre, Grassfields signifie Terre ou pays de savane. En gros il s’agit d’une revue pluri et interdisciplinaire, spécialisée en sciences historiques, mais qui accepte des propositions d’articles inédits en anglais, en français et d’autres langues africaines. Nous disons que Grassfields se veut un laboratoire de renouvellement du savoir, un incubateur en économie des savoirs dans une vocation de décloisonnement des sciences historiques et de la mutualisation des talents et compétences des chercheurs. / par LBT