LECTURE PRAGMATIQUE DU DISCOURS HÉGÉMONIQUE SUR L’AFRIQUE
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LE CAS DU DISCOURS COLONIAL DANS L’ESPACE FRANCOPHONE
Dschang UDs/SIC-23/11/17.Thèse présentée en vue de l’obtention du Doctorat/PhD en sciences du langage, littérature et cultures
Option : Langue et linguistique françaises par Lucie KENGNE
RÉSUMÉ
La situation de dépendance des États postcoloniaux africains d’aujourd’hui atteste de ce que le processus de décolonisation amorcé aux heures fastes des mouvements nationalistes des années 1940 est loin de connaître son terme. Corrélativement, la fin de la colonisation annoncée au courant de la décennie 1960 ne semble pas être une parfaite réalité. Un regard analytique du statut d’arrière–plan desdites sociétés montre que le caractère duratif de la domination coloniale a une origine discursive, et ses fondements durablement enfouis dans les profondeurs du discours hégémonique. Qu’est-ce qui, dans la trame énonciative de notre macro-texte, est symptomatique du langage hégémonique en situation coloniale et postcoloniale ? Cette étude aborde la colonisation dans une perspective discursive, notamment, en tant que praxis langagière intégrant les forces antagonistes qui s’affrontent dans l’espace réglementaire de la prise de parole pour leur positionnement dans leurs champs discursifs. Autrement dit, ce travail questionne les procédés discursifs de verbalisation de l’hégémonie occidentale dans l’espace francophone africain dans la durée, en insistant sur les outils langagiers de textualisation des rapports de places entre les énonciateurs–colonisateurs et les énonciateurs–colonisés. L’exigence que requiert toute étude en pragmatique situe le présent travail dans le cadre méthodologique de l’analyse du discours. Son objet d’étude étant l’unité–texte, cette approche heuristique est la méthode idéale pour le déchiffrement du régime textuel qui fait du discours hégémonique un langage du pouvoir. Les résultats obtenus sont les suivants : les marques de la subjectivité langagière dans le discours hégémonique sont des relationèmes ; l’espace colonial, étant consubstantiel au discours hégémonique, est dominé par les instances colonisatrices ; la temporalité coloniale est dynamique, permanente et achronique ; le fonctionnement de l’interaction est affecté du sceau relationnel ; les actes de langage proférés par les énonciateurs–colonisateurs, se constituant en des formes d’outrage en la personne des énonciataires–colonisés, deviennent des marqueurs relationnels ; le discours réactionnel, assumé par les victimes de la subjectivation du discours colonial, a une fonction réparatrice et révolutionnaire. Cette étude révèle, qu’en situation coloniale ou postcoloniale, les forces oppositionnelles de valeur inégale s’affrontent, de façon permanente, dans un espace public circonscrit suivant la dialectique de l’ipséité et de l’altérité, dans le strict respect du principe d’identification–différentiation.
Mots clés : Hégémonie, discours, pragmatique, colonialisme, France, Afrique, rapports de force.
Date de soutenance : 17 novembre 2017 à 14 h, dans la Salle de Conférences et des Spectacles de l’Université de Dschang.