L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES DE MASTER À L’UNIVERSITÉ

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 CHRONIQUE LIBRE EN 10 ÉDITIONS ,Alexandre T. DJIMELI
Université de Dschang (Cameroun)

Chronique n°1
AMÉLIORER LA DÉMARCHE-QUALITÉ

Dschang,UDs/SIC-10/03/25.Au moment où j’entreprends de donner mon point de vue sur l’évaluation des mémoires de recherche de Master, je suis conscient de ce que chaque maître de l’Université est jaloux de la liberté d’apprécier et du pouvoir de noter les travaux d’étudiants. L’Université est en effet un espace de libre pensée où les franchises consacrées confèrent un pouvoir « inattaquable » aux maîtres, aux disciples, voire à tous ceux qui fréquentent ce milieu. Loin d’essayer de diminuer le pouvoir de quelqu’un ou de restreindre la liberté de qui que ce soit, nous pensons que l’évaluation doit obéir à des règles que toutes les parties prenantes des activités académiques, en particulier les jeunes enseignants-chercheurs et les étudiants-chercheurs, doivent connaître et respecter. Les définitions conventionnelles de la liberté, de même que les conditions d’exercice du pouvoir, s’inscrivent en effet toujours dans contextes et des cadres qui accordent aux acteurs la légitimité positive d’agir sans que leur action heurte outre mesure le « contrat social ».

Nous considérons ainsi l’appréciation académique des travaux de recherche à l’Université comme un lieu d’expression cadrée de la liberté d’évaluer et un moment d’exercice contrôlé du pouvoir de noter. Cela devrait idéalement se faire dans le respect d’un « Code » qui normalise une telle activité. Hélas, ce n’est pas toujours le cas ! Nous avons l’impression que ce « Code » – implicite ou explicite, latent ou manifeste – est boycotté dans bien de situations. Aussi nous semble-t-il responsable de rendre à cette activité son honorabilité qui tend, dans certaines circonstances, à être bafouée. L’une des façons de le faire c’est de retourner aux fondamentaux, c’est-à-dire à ce sur quoi une activité repose, à ce qui la fait exister et la rend nécessaire. Il est ainsi vital de faire un rappel dont la visée est de recentrer les critères d’évaluation des mémoires de Master sur ce qui est essentiellement attendu des examinateurs et des candidats auxquels cet exercice académique s’impose.

Dans le processus de consolidation de la normalisation, nous proposons d’abord aux jeunes enseignants-chercheurs des repères d’amélioration de leur compréhension de la mission d’évaluation des mémoires de Master. Nous suggérons ensuite aux « masterands » des éléments cardinaux d’ancrage des travaux qu’ils soumettent à l’appréciation d’un jury. Nous donnons enfin au grand public l’opportunité de saisir les points-clés et l’importance des mémoires en tant qu’activité académique à utilité « sociale ». Nous souhaitons, ainsi, optimiser la performance générale des évaluateurs, des candidats et du public, le but étant que tous se réapproprient les fondamentaux et les appliquent effectivement afin de consolider l’assurance-qualité dans l’évaluation.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il nous semble important de faire quatre précisions : (1) les travaux dont nous parlons sont des mémoires de recherche de fin du deuxième cycle universitaire en arts et lettres, sciences humaines et sciences sociales ; (2) nous prenons en compte les deux parties de l’évaluation : la notation du document soumis et l’appréciation de la soutenance publique ; (3) notre intention n’est pas de faire réviser un quelconque enseignement de méthodologie mais de nous exprimer librement, sur la base d’une expérience transversale, pour améliorer notre appropriation des objectifs et nos pratiques d’évaluation ; (4) notre terrain d’observation est le Cameroun, pays situé au fond du Golfe de Guinée, considéré comme « Afrique en miniature ». D’après le Répertoire établi par le MINESUP, ce pays comptait en 2022 onze universités d’État, 07 institutions transnationales, 04 instituts supérieurs publics à statut particulier, 349 instituts privés d’enseignement supérieur (IPES). Ces chiffres ont considérablement évolué, surtout en ce qui concerne les IPES dont l’Association des promoteurs situe le nombre à 520 en 2025.

C’est fort de la nécessité de consolider une certaine normalisation de l’évaluation des mémoires de Master et autres travaux académiques que nous proposons modestement cette libre chronique. Nous entendons la publier en dix éditions, pendant dix jours, dès ce 10 mars 2025. Vos commentaires, suggestions et critiques, sont bien accueillis. /-

Prochain article : QU’ÉVALUE-T-ON DANS UN MÉMOIRE ?