L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES DE MASTER À L’UNIVERSITÉ – CHRONIQUE LIBRE EN 10 ÉDITIONS

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Chronique n°4
EXAMINER LE PROBLÈME DE RECHERCHE
Alexandre T. DJIMELI
Université de Dschang (Cameroun)
Dschang,UDs/SIC-13/03/25.Dans les premiers moments de notre parcours scolaire, la majorité des exercices auxquels nous avons été soumis nous invitait à répondre aux questions ou à trouver des solutions aux problèmes posés. À l’université, nous avons été davantage amenés à comprendre que la résolution des problèmes est certes une compétence appréciable mais qu’il était surtout intéressant, pour chacun, de développer son aptitude à découvrir / identifier et à formuler les problèmes. Les travaux personnels des étudiants offrent une occasion idoine pour vérifier cette aptitude. Aussi la présentation d’un problème de recherche constitue-t-elle un des éléments sur lesquels porte l’évaluation d’un mémoire de Master.
Chaque travail de recherche est ainsi appelé à relever, dès le départ, un problème. La notion de « problème » renvoie prosaïquement à l’idée de difficulté. Il s’agit d’un obstacle qui empêche l’esprit humain d’évoluer aisément dans la compréhension d’un objet ou d’un phénomène. Cet obstacle est constitué d’un déficit de savoir face à une situation ; ce qui crée l’incertitude, ouvre la voie au doute et, conséquemment, au questionnement. Le manque ou l’insuffisance de connaissances fait donc que l’on n’arrive pas à « expliquer » a priori pourquoi un phénomène apparaît à un moment donné ; à « comprendre » comment celui-ci se présente, fonctionne ou évolue ; à « saisir » ses implications à travers le temps et l’espace dans l’existence des sociétés, etc.
Il est donc attendu d’un mémoire qu’il fasse voir clairement ce qui fait problème en montrant concrètement une difficulté dans la compréhension d’un phénomène. En général, les cours d’introduction à la recherche illustrent ce problème par une description en trois temps : le premier présente le phénomène en indiquant comment il est structuré et fonctionne traditionnellement, ce que l’on en attend souvent ou la compréhension commune que l’on en a ; le deuxième expose une perturbation ou une évolution récente qui fait que ce que l’on observe soit différent de ce que l’on a l’habitude voir ; le troisième montre que l’on ne dispose pas encore de connaissances suffisantes pour expliquer ou comprendre ce qui se passe. Ainsi, l’identification d’un problème de recherche dans le mémoire de Master consiste à caractériser une incohérence, une rupture de sens ou simplement des lacunes de savoir sur un objet, une situation ou un phénomène.
L’identification d’un problème ne suffit cependant pas pour que le sujet à traiter soit intéressant. Le problème doit en effet être pertinent, c’est-à-dire adapté à certaines exigences. Les plus couramment mises en exergue sont « sociales », académiques et scientifiques. La résolution du problème doit ainsi pouvoir répondre à une attente sociale et être susceptible de contribuer au progrès de la société. Le mémoire doit être produit dans un cadre tracé par l’institution ou l’établissement d’enseignement supérieur qui le considère comme une performance académique obligatoire. Le problème identifié doit être rattaché à une problématique de base de la discipline dans laquelle le mémoire s’inscrit. La pertinence du problème suppose ainsi d’abord que le/la candidat(e) connaît les principaux défis auxquels une société donnée est confrontée et estime que sa discipline peut avoir un apport dans leur compréhension. Elle suppose ensuite que ce(tte) dernier(e) a connaissance des normes de son établissement en ce qui concerne les travaux de recherche de fin du deuxième cycle universitaire et est disposé(e) à les appliquer. Elle suppose enfin qu’il/elle maîtrise les problématiques fondamentales de sa discipline et peut donc rattacher à l’une ou l’autre un problème de recherche qu’il/elle identifie dans un corpus ou sur le « terrain ».
Lorsqu’un mémoire de Master a ainsi identifié un problème de recherche et que les critères de pertinence dudit problème sont vérifiés, l’on peut estimer que le premier niveau de performance de ce travail académique est validé. Cet aspect du mémoire peut être noté sur deux points dont nous proposons la répartition suivante :
– Identification et formulation du problème, 01 pt ;
– Problème dont le traitement est susceptible d’apporter quelque chose à la science et à la compréhension d’une question de société, 01 pt.
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