L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES DE MASTER À L’UNIVERSITÉ – CHRONIQUE LIBRE EN 10 ÉDITIONS

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Chronique n°5 APPRÉCIER LA REVUE DE LA LITTÉRATURE

Alexandre T. DJIMELI
Université de Dschang (Cameroun)

Dschang,UDs/SIC-14/03/25.La littérature en matière de recherche c’est ce qui est écrit, dit ou montré sur un objet ou un sujet dans une discipline. Faire la science c’est aussi s’approprier cette littérature pour consolider des connaissances disponibles et, à partir de là, en élaborer de nouvelles. Dans l’évaluation du mémoire, il est ainsi nécessaire de s’intéresser à la connaissance de la littérature telle qu’elle est rendue dans le travail soumis à l’examen.

Passer en revue la littérature c’est, en quelque sorte, faire un état des savoirs sur le problème abordé. Il s’agit, d’une part, de montrer comment ce problème a été antérieurement traité et ce qu’il n’est pas permis d’ignorer au moment où l’on décide de s’y intéresser. Il est question, d’autre part, de relever les aspects sur lesquels les connaissances sont sinon absentes, du moins lacunaires. Lorsque la revue est orientée dans ces deux directions (connaissances disponibles / connaissances manquantes), on dit qu’elle est critique. Pour la réaliser, les étudiants-chercheurs sont généralement confrontés à des défis pratiques dont nous relevons principalement quatre ici.

– Le premier défi c’est de trouver, à l’intérieur de la discipline concernée, l’essentiel des ressources nécessaires. Il est toutefois possible, ou nécessaire lorsqu’on s’inscrit dans une approche interdisciplinaire, d’exploiter la littérature pertinente d’autres sciences pour établir l’état des savoirs.
– Le deuxième défi c’est de faire la distinction entre la littérature théorique et la littérature empirique. La littérature théorique est constituée de savoirs qui, inscrits dans des paradigmes éprouvés, sont référencés comme des modèles durables d’analyse et de compréhension des objets ou des phénomènes étudiés. La littérature empirique, quant à elle, est formée de travaux menés sur un terrain précis ou sur un corpus déterminé. Il s’agit en général de travaux illustratifs de ces théories. Dans le mémoire de Master, la littérature théorique sert prioritairement à fixer le cadre théorique de la recherche alors que la littérature empirique sert à vérifier ce que l’on sait fermement, ce dont on doute ou ce que l’on ne sait pas encore, de préférence dans le même terrain, sur le problème posé.
– Le troisième défi c’est d’ordonner la présentation de la revue. L’on reproche souvent à de nombreux mémoires une tendance à énumérer les travaux consultés. Ce reproche fait plutôt valoir le fait que la revue doit être thématique, chaque axe devant être appuyé par des références correspondantes dans la littérature. Dans certaines disciplines, il y a une partie du développement spécifiquement consacrée à cette revue. Dans d’autres, on la ressent seulement dans les analyses le long du mémoire. Quoi qu’il en soit, le plus important est de faire ressentir une certaine maîtrise de l’existant, quel que soit là où cela apparaît.
– Le quatrième défi c’est de trouver, au travers de tout ce qui a été consulté, des « manquements » susceptibles d’impulser ou de justifier de nouvelles recherches. Plusieurs manquements doivent ainsi être identifiés et, parmi eux, le/la candidat(e) est appelé(e) à en choisir un aspect qui est traitable dans le temps imparti à une recherche du niveau Master, avec les moyens dont il dispose, en fonction du terrain (empirique) qu’il/elle entend investiguer, etc.

En tout état de cause, la revue de la littérature est incontournable dans un travail de recherche. La raison semble évidente : d’une part, le mémoire doit vérifier que le candidat peut faire une synthèse juste des savoirs sur son objet d’étude ; d’autre part, la science se construit et progresse à partir de zones d’ombre qui constituent des problèmes. Parmi les zones d’ombre établies grâce à la revue de la littérature empirique, le mémoire de Master sélectionne donc une qu’il va s’attacher à éclairer. Les questions de recherche, qui découlent du problème identifié, sont alors formulées en écho aux principales dimensions de cette zone d’ombre. Si l’on retrouve souvent ces questions à l’introduction, parfois bien avant la présentation de la revue de la littérature, c’est simplement parce que le mémoire final est une mise en « ordre » faite lorsque le travail d’investigation proprement dite est terminé. Dans la réalité et pour être logique, c’est lorsque l’essentiel de la revue de la littérature est terminé que l’on définit concrètement son sujet. Il s’agit donc d’un travail préalable mais qui sera exploité tout le long de la recherche, du début à la fin.

Cette revue constitue ainsi l’un des points d’attention de l’examinateur. Elle peut être notée sur trois points répartis ainsi qu’il suit :
– Maîtrise des savoirs théoriques pertinents : 01 pt
– Connaissance des savoirs empiriques disponibles : 01 pt
– Identification d’un aspect du problème à traiter : 01 pt

Prochain article : JUGER L’OPÉRATIONNALISATION DES CONCEPTS