*L’ÉVALUATION DES MÉMOIRES DE MASTER À L’UNIVERSITÉ* – CHRONIQUE LIBRE EN 10 ÉDITIONS

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Post-scriptum n°2
TRANCHER… LA QUERELLE DES TRADITIONS

Alexandre T. DJIMELI
Université de Dschang (Cameroun)

Dschang,UDs/SIC-21/03/25.L’organisation du développement du mémoire de recherche en Master a été quelquefois l’objet de discorde dans les institutions d’enseignement supérieur en général et, en particulier, dans les universités bilingues du Cameroun. Des plans hérités de traditions académiques ou universitaires anglo-saxons et francophones cohabitent toujours mais s’affrontent souvent. Certains examinateurs favorables à une tradition ont tendance à nourrir des préjugés défavorables sur les travaux d’étudiants ayant choisi de structurer leur mémoire selon les exigences de l’autre tradition. Cela pénalise naturellement des candidats et favorise d’autres. Que faire dans nos établissements pour lever cet obstacle à l’évaluation ou, au moins, en mitiger les effets ? Avant de faire une proposition, il convient de voir sommairement à quels niveaux établirait-on des différences.

Plusieurs points de distinction séparent les mémoires rédigés selon les deux traditions. Tout d’abord, l’on peut dire que, d’après les traditions universitaires anglo-saxonnes, le mémoire est un mouvement d’ensemble qui se caractérise notamment par le fait que les réponses à toutes les questions posées sont données dans le même chapitre. Celui-ci, en l’occurrence, est consacré à la « présentation … » des résultats. Dans les traditions latino-romaines ou francophones, ces réponses peuvent être étalées sur plusieurs chapitres. Ensuite, dans les premières, plusieurs chapitres sont consacrés à la revue de la littérature et à la méthodologie alors que, dans les secondes, la revue de la littérature et la méthodologie sont bien souvent synthétisées dans l’introduction générale. Par ailleurs, chez les Anglo-saxons, l’introduction générale est un chapitre à part entière, de même que la conclusion générale ; ce qui n’est pas le cas chez les Francophones. En tout état de cause, on peut trouver de nombreux points de dissemblance entre les modèles de présentation hérités des deux traditions.

Ce qui est cependant constant dans les deux types de structuration c’est la manifestation de l’esprit scientifique exprimée à travers les différents points d’attention présentés dans les chroniques précédentes. L’évaluateur devrait faire fi du formalisme des modèles et aller au fond pour voir comment l’esprit scientifique se manifeste dans le travail soumis. Une telle proposition serait cependant utopique si les établissements n’arbitrent pas de manière prescriptive la discussion qui se transforme souvent en dispute lors de soutenances publiques. Ce faisant, il ne s’agirait pas de favoriser une tradition en déshéritant une autre. Théoriquement en effet, ces modèles se valent scientifiquement. On peut imaginer que des institutions fassent un mix en adoptant notamment quelque chose à cheval entre les deux.

Quoi qu’il en soit, les établissements, et plus spécifiquement les Départements, devraient, après l’arbitrage fait par chaque École doctorale, aller plus loin en affinant davantage les cadres de présentation afin que les évaluateurs puissent se baser sur des références communément partagées.