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Utiliser la science pour réduire l’illégalité dans le secteur forestier à travers la traçabilité génétique du bois
Dschang,UDs/SIC-11/11/21.Dans un contexte où l’exploitation illégale du bois est identifiée comme l’une des causes majeures de la déforestation et de dégradation des forêts tropicales, plusieurs systèmes de certification, dont le Forestry Stewardship Council (FSC), l’Origine Légale du Bois (OLB) et le Programme for the Endorsement of Forest Certification (PFEC) offrent à l’industrie du bois un moyen d’effectuer des vérifications de diligence raisonnable au sein des chaînes d’approvisionnement, en fournissant preuves sur papier liées aux audits des forêts et des fournisseurs. Toutefois, les organismes de certification ne sont en mesure d’auditer une fraction des forêts du monde en une fraction de temps et la participation des exploitants du bois n’est que volontaire. Suite à ces faiblesses de la détermination de l’origine des bois exploités, l’Université de Dschang en tant que creuset du développement durable, avec un rayonnement scientifique accru et un Département de Foresterie à forte notoriété dans la gestion durable des forêts au Cameroun et dans la sous-région d’Afrique centrale s’est associée à un consortium mondial de 05 organisations renommées (FSC, WRI, Agroisolab, Royal Botanic Gardens, Kew et US Forest Service International Programs) pour orienter la réflexion sur un nouveau projet qui vise à améliorer la traçabilité des bois tropicaux à partir des marqueurs génétiques dénommé World Forest ID (WFID).
Pour la mise en œuvre de ce projet au Cameroun, les concessions forestières PALLISCO et CUF et la Forêt Communale de Djoum situées dans les régions de l’Est et du Sud ont accueilli du 23 Septembre au 20 Octobre 2021, une équipe de chercheurs de la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’Université de Dschang conduite par Herman Zanguim, étudiant doctorant de cette faculté. La mission consistait à poursuivre l’échantillonnage des espèces forestières couramment exploitées dans le Bassin du Congo (ayant débutée au Gabon et en République du Congo) pour compléter une bibliothèque mondiale d’échantillons d’arbres hébergée au Royal Botanic Gardens, Kew en Angleterre.
Ce projet ambitieux, à savoir, répertorier le plus grand nombre d’échantillons d’arbres de toutes les forêts du monde a pour objectif d’analyser tous ces échantillons notamment pour les géo-référencer. Grace à l’analyse par les isotopes stables, les scientifiques pourront authentifier l’espèce d’arbres mais aussi déterminer l’origine géographique exacte sur un rayon de 10 km autour de l’arbre.
Cette identification extrêmement fiable et précise permet de résoudre des cas litigieux dans le cadre de saisie de produits ligneux d’origine douteuse. Ainsi, si les autorités saisissent une cargaison de bois, grâce à ces analyses, elles pourront vérifier que les espèces sont bien légales et proviennent bien du lieu déclaré sur les bordereaux. Ces méthodes de vérification utilisées à grande échelle, permettront de lutter plus efficacement contre le trafic illégal et la déforestation.
Dans le cadre de cette expédition sous la supervision du Professeur Martin Tchamba, 02 Doctorants du Laboratoire de Géomatique Environnementale de l’Université de Dschang, Herman Zanguim et Steve Tassiamba ont pu prélever des échantillons de nombreuses espèces commercialisées ou en danger telles que le Sapelli (Entandrophragma cylindricum), Acajou blanc (Khaya anthotheca), Padouk rouge (Pterocarpus soyauxii), Okoumé (Aucoumea klaineana), Azobé (Lophira alata), Assamela (Pericopsis elata), Ayous (Triplochiton scleroxylon), Bossé clair (Guarea cedrata/(Leplaea cedrata). Au total c’est 120 échantillons qui ont été prélevés et seront analysés au Laboratoire de Kew Gardens. Des échantillons ont aussi été conservés à l’Université de Dschang.
Pour Paul Lagoute, Directeur Général de PALLISCO, participer à ce type d’étude fait partie de son engagement pour une exploitation forestière durable et transparente. « Pour nous, PALLISCO, toute démarche visant à prouver les bienfaits de la certification et d’une chaine de traçabilité fiable nous aide à nous différencier des autres acteurs du marché et à promouvoir nos valeurs qui visent à une exploitation du bois soutenable et profitable pour tous, aussi bien au plan local que pour les consommateurs dans les pays importateurs » nous a confié celui-ci.
Le Professeur Martin Tchamba, Chef de Département de Foresterie à la FASA et point focal du projet WFID au Cameroun quant à lui se réjouit du partenariat Université de Dschang et WFID et a exprimé à titre personnel et au plan institutionnel toute sa satisfaction pour le succès de cette première phase d’échantillonnage et sa détermination à accompagner ce projet dans sa deuxième phase au Cameroun qui contribuera à coup sûr à la gestion durable des ressources forestières en Afrique centrale.