Université de Dschang : l’Edition entend prendre des ailes

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Un philosophe de renom à la tête de la Dschang University Press

Dschang,UDs/SIC-12/05/21. La nomination du Directeur des Presses Universitaires de Dschang, le Professeur Roger Mondoué, est venue rompre avec la procrastination séculaire qui plombait l’épanouissement de la diffusion des savoirs scientifiques et littéraires. Le premier directeur qui vient de bénéficier de la confiance du Directeur Général du GIE SA est un philosophe, mais fin limier du milieu de l’édition, pour avoir servi les éditions l’Harmattan. Sa stratégie et ses ambitions personnelles pour le succès de l’entreprise sont dévoilées dans un échange avec notre rédaction

University Press du GIE-UDs S.A

 « Produire un ouvrage et ne pas le diffuser revient à planter un arbre sans arroser ».

Pr Roger Mondoué

 ENTRETIEN.   

SIC/UDs : Dites-nous Pr, comment vous avez accueilli cette décision qui fait de vous le tout premier Directeur de la Dschang University Press ?

 Directeur DUP : c’est dans la joie que j’ai accueilli cette décision du Directeur Général du GIE de me porter à la tête de cette structure qu’est la Dschang University Press. Je voudrais donc témoigner ma gratitude en son endroit et surtout aux autorités de l’Université de Dschang qui ont certainement donné leur onction pour que cette décision soit entérinée. Je l’apprends aussi avec beaucoup d’émotion, parce qu’il s’agit d’une interpellation à porter ce nouveau bébé de l’Université de Dschang au firmament. Nous savons que l’excellence est la philosophie de base de la Dynamique Collective impulsée par le Recteur de l’UDs, le Pr Roger Tsafack Nanfosso. C’est dire que c’est en même temps de la joie et de l’émotion, et surtout que j’envisage à travers cette décision une très forte responsabilité que je dois porter afin que cette structure soit assez visible.

 SIC/UDS : Quel est votre état d’esprit en tant que nouveau Directeur de la DUP ?

Directeur DUP : La responsabilité est très forte, il s’agit d’une interpellation à porter cette instance afin qu’elle puisse marcher, qu’elle puisse rayonner elle-même, ainsi que le GIE et notre Université. N’oublions pas qu’il s’agit d’une structure de production. Le GIE n’est pas une société où on distribue les préventes, il s’agit d’une entreprise sociale qui a pour mission d’accompagner l’Université de Dschang dans sa philosophie entrepreneuriale, qui n’est pas seulement d’attendre tout de l’Etat, mais d’être un creuset de production de richesses.

SIC/UDS : Quelle politique (feuille de route) comptez-vous mettre en œuvre en tant que Manager ?

Directeur DUP : je suis sous la responsabilité d’un Directeur Général, et ma feuille de route a été scrupuleusement tracée par celui-ci. Il s’agit d’abord de structurer l’organisation de l’offre éditoriale, c’est-à-dire mettre sur pied cette maison et la faire fonctionner. Faire fonctionner signifie ici que : nous avons une structure administrative ainsi que des Directeurs de collection, des Directeurs scientifiques et de la diffusion à faire. Il s’agira de publier des travaux de recherche inédits, car en édition on ne doit pas publier des travaux plagiés, question d’éviter de faire couler sa structure et éviter le volet pénal. Nous allons veiller à ce que les travaux de recherche qui soient remis pour publication soient des textes originaux. C’est où les Directeurs de collection vont jouer un rôle important. La Dschang University Press ne saurait être expert de toutes les expertises, mais elle va bénéficier de toutes les expertises dont dispose l’Université de Dschang, les Universités camerounaises et même celles d’ailleurs. Il sera question de mobiliser l’ensemble de ces expertises-là autour des collections qui ont déjà été pensées par les concepteurs de la DUP à travers le GIE. Il y a exactement trois collections :

  • La collection Syllabus qui va concerner les cours, les manuels
  • La collection Knowledge centrée sur les travaux de recherche originaux
  • La collection Impact qui concerne les essais et tous autres ouvrages destinés à appuyer le développement.

La philosophie de base qui va accompagner cette politique c’est la « Glocalisation ». La question en droit de se poser ici est celle de savoir comment à partir de l’UDs qui est considérée comme une Université périphérique, nous pouvons tutoyer le monde ? ainsi à travers la « Glocalisation » nous allons permettre que tout ce qui est publié à l’Université de Dschang soit visible dans le monde entier, c’est visible avec les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, c’est possible avec les partenariats. D’ailleurs, nous allons dans cette perspective mobiliser nos anciens partenaires, notamment chez l’Harmattan, à l’IPD. Nous allons mobiliser les diffuseurs dans le monde francophone, anglophone, chinois, russes, etc, afin que ce qui sera publié à Dschang sois connu dans le monde. Je me réjouis d’ailleurs de ce que l’UDs à travers la FONDUDs ait mis sur pied un partenariat avec la diaspora camerounaise. La « Glocalisation » va permettre que toutes les publications des camerounais de la diaspora soit connues à l’Université de Dschang pour que nos recherches ne soient pas parcellaires ou partielles, en raison de ce que nous n’avons pas accès à une certaine documentation. Nous souhaitons nous greffer à cette structure pour avoir accès au savoir publié par les camerounais ainsi que par d’autres chercheurs du monde il faudrait qu’à partir de Dschang nous-nous ouvrions au monde, et que le monde s’ouvre à Dschang, grâce à notre diaspora et aux partenariats que nous allons nouer. Etre présent au monde et présentifier le monde à nous !

Nous allons mettre sur pied une batterie technologique qui nous permettra d’éditer numériquement, afin de ne pas avoir à publier en volume important pour provoquer le problème de distribution. Nous allons ainsi publier en fonction de la demande. 

 SIC/UDS : Comment appréciez-vous l’adhésion/sollicitation de la communauté universitaire à la DUP ?

 Directeur DUP : La Dschang University Press est le fruit d’une étude, d’un travail de recherche. Les chercheurs de l’UDs se sont rendu compte qu’il y a un gros problème en matière de disponibilité d’une structure devant permettre d’accompagner les travaux de recherche disponibles. Il faut donc une telle plateforme pour ne pas laisser notre savoir aux charançons et à la poussière. Les étudiants se sont également plaints de ce que bien qu’il y ait des cours, mais ils n’ont pas la possibilité d’y accéder librement, en dehors des polycopiés, surtout étant donné que nous avons beaucoup d’étudiants qui viennent de l’extérieur. Ces cours doivent donc être en ligne pour faciliter l’accès. C’est ainsi une demande, et la DUP est là et prête à répondre à cela. La DUP vient donc répondre à la demande de la communauté universitaire qui a des textes inédits, les textes de haute valeur scientifique qui ne peuvent pas être publiés faute de maison d’édition appropriée. L’offre vient de la difficulté à publier à bas prix. Les étudiants n’arrivent pas souvent à accéder aux ouvrages quand ils sont même disponibles lorsque les prix sont élevés. Quand on sait qu’il est déjà difficile pour eux de vivre au quotidien, il sera donc encore plus difficile de pouvoir accéder à ces livres. Il est question donc de publier des ouvrages à des coûts très abordables. La DUP doit certainement produire et commercialiser, mais dans un esprit de solidarité, de collectivité et de mutualité afin que la communauté universitaire accède au savoir à un prix abordable. Il est aussi question de permettre à la communauté universitaire de se repérer, notamment au cas où on a besoin d’une œuvre scientifique dont l’accès n’est pas aisé. Pour cela il y a une Librairie en cours de création pour faciliter l’accès à des coûts bas de ces œuvres.

SIC/UDS : Pouvons-nous déduire que la DUP a un privilège particulier vis-à-vis des autres organes universitaires ?

 Directeur DUP : le PCA du GIE c’est le Recteur de l’UDs, et par conséquent il diligente la DUP, ainsi il n’y a pas de risque que ce soit une structure privilégiée par rapport aux autres, mais du moment où il s’agit d’une structure de visibilité et de visibilisation de l’UDs, elle devrait bénéficier d’un regard particulier de la part de nos autorités. Puisqu’il s’agira de porter tant à l’intérieur qu’à l’extérieur les productions de notre Université, diffuser également à l’intérieur, les productions venant d’ailleurs.

 SIC/UDS : Pouvez-vous nous parler des activités qui font votre projet au sein de la DUP ?

 Directeur DUP : Il y a d’abord l’animation scientifique, car produire un ouvrage et ne pas le diffuser revient à planter un arbre sans arroser. Cette dimension de diffusion est très importante. Il s’agira non seulement d’organiser des conférences, mais aussi et surtout de la valorisation des auteurs. Il s’agira également de faire vivre les auteurs, parce que l’une des plaintes est que les auteurs sont les « moins bien habillés » dans la chaîne de productions des ouvrages. Il est question pour nous de tenter d’inverser la courbe. L’étude a été faite et le contrat d’édition qui sera remis aux auteurs sera favorable à ceux-ci, dont il faudra que les enseignants de l’UDs et du Cameroun vivent de leurs œuvres. C’est ça qui permettra à la DUP de véritablement décoller. Il y aura donc des conférences, des tables rondes, des colloques, car une maison d’édition n’est pas qu’un lieu de production et de commercialisation des ouvrages, mais aussi un espace d’animation scientifique et culturelle.

 SIC/UDS : De cette façon vous traduisez un avenir meilleur pour la DUP ?

 Directeur DUP : il faut dire que la DUP étant sous le GIE a l’obligation de production et en même temps d’autonomisation. C’est dire qu’on ne peut pas investir un budget qu’on ne trouve pas déjà ailleurs dans cette initiative, ainsi il est question que chaque ouvrage, chaque activité d’édition s’auto finance, et c’est le challenge que nous avons. Les études sont déjà avancées à ce sujet, afin que nous réussissions à être un maillon de production qui permettra à l’UDs de tirer des subsides de l’édition, car l’édition est une entreprise et elle doit pouvoir vivre par elle-même. L’avenir s’annonce radieux, parce que dès ma nomination, nous avons reçu des sollicitations et d’interpellations d’un ensemble d’auteurs et de futurs auteurs du Cameroun et de l’extérieur, il y a des manuscrits qui arrivent déjà. 

 SIC/UDS : Dans un environnement de compétition comme les milieux universitaires quels défis vous donnez-vous pour assurer la résilience de la DUP ?

 Directeur DUP : nous allons commencer par l’excellence, et la résilience se fera au cas où les chocs internes et externes essayeront de paralyser notre activité ou tenteront d’handicaper notre envolée. Nous misons donc sur l’excellence plutôt que la résilience.

SIC/UDS : Quel appel pouvez-vous lancer à la communauté des chercheurs en général, et aux jeunes chercheurs de l’Université de Dschang en particuliers ?

Directeur DUP : L’appel que je lance aux enseignants c’est qu’ils sortent les manuscrits des tiroirs, car voici enfin venue la structure qu’ils attendaient. C’est leur propre structure, c’est leur maison, qu’ils viennent faire publier le savoir, et l’Université ainsi que l’enseignant vivra de cette structure. Aux jeunes chercheurs, je sais que beaucoup d’entre eux sont assez ingénieux et assez dynamiques, nous attendons qu’ils apportent leurs travaux de recherche. Je sais que dans leurs tiroirs ils ont énormément d’œuvres scientifiques et littéraires. Les thèses pourront également être publiées. Nous avons aujourd’hui le braconnage épistémologique contre lequel la DUP doit lutter, parce qu’il y a des travaux de recherche qui sont produits et publiés par exemple ici à Dschang et qui ne sont pas connues de l’extérieur qui font l’objet de braconnage, et les autres ayant donc une préséance en matière de diffusion et de communication de leur savoir, un savoir produit à Dschang se voit pillé par les autres.

Tous à vos manuscrits, la Dschang University Press est là pour vous accompagner et pour vous sustenter./ Entretien mené par Louis Blériot Taffo

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